Numworks, une calculatrice graphique évolutive issue d’un projet collaboratif, et entièrement conçue en France !
Des tables de calcul manuelles aux systèmes mécaniques, puis aux ordinateurs miniatures que sont les dernières générations, récit d’une aventure scientifique.
Des abaques aux bouliers
Du calcul sur les dix doigts de la main aux calculatrices actuelles, plusieurs outils ont servi à compter à travers les âges. Dès le VIe siècle avant J.-C., les tables de calcul et abaques servent les comptables et marchands. Par un jeu de lignes ou de colonnes, un caillou ou un jeton a une valeur ; en le déplaçant, il est additionné ou soustrait aux autres. Descendant des abaques, le boulier nait en Chine au XIIe siècle. Il consiste en une série de broches sur lesquelles sont disposées des boules. Selon si ces dernières sont au-dessus ou en dessous d’une barre transversale, elles ont une valeur différente. Les opérations de calcul se font en rapprochant ou en éloignant les billes de cette barre centrale.
La Pascaline
Créée par le scientifique français Blaise Pascal à seulement 19 ans, la première machine à calcul mécanique voit le jour en 1642. La « Pascaline » dispose d’un ensemble de roues à cadrans qui permettent d’entrer les unités pour les additionner. Les retenues sont assurées par un système de sautoir basé sur la gravité. Enfin le résultat apparait sur une réglette. Une vingtaine de prototypes ont été produits par le physicien, dont huit ont survécu jusqu’à nos jours. Une Pascaline est toujours visible aux Musée des Arts et métiers à Paris.
Le calcul en poche
Connaissez-vous la Curta ? Conçue à la fin des années 1940, elle est la première calculatrice mécanique de poche. Inventée par Curt Herzstark alors qu’il est emprisonné au camp de concentration de Buchenwald, cette machine est souvent comparée à un moulin à poivre à cause de sa forme cylindrique avec une manivelle. Pour effectuer des opérations, l’utilisateur entre un nombre grâce à des curseurs, puis il tourne la manivelle, entre un deuxième nombre avec les curseurs, et un deuxième tour de manivelle affiche le résultat dans une zone dédiée. La position de la manivelle permet de faire des additions, des soustractions ou des multiplications.
De la mécanique à l’électronique
Il faut attendre l’apparition des premiers ordinateurs pour que les calculatrices électroniques ne détrônent les instruments mécaniques dans les années 1970. Lourds et volumineux, les premiers modèles électroniques sont réservés à l’usage professionnel. La miniaturisation des composants (dont les circuits intégrés) permet la démocratisation de cet outil, notamment pour des calculs scientifiques et dans l’enseignement scolaire.
Un duopole ?
Si de nombreuses marques ont eu des gammes de calculatrices, le marché est aujourd’hui dominé par l’Américain Texas Instrument (qui a déposé un premier brevet en 1967) et le Japonais Casio. Entre avril 2020 et mars 2021, Casio a d’ailleurs produit 23 millions d’unités dans le monde. En France, le marché a été boosté en 2016 par une réglementation de l’Éducation nationale qui rendait obligatoire un mode examen. Les familles ont donc dû renouveler leurs équipements au lieu de les transmettre d’un enfant à l’autre. Depuis 2017, ce duopole est déstabilisé par Numworks, une calculatrice graphique évolutive issue d’un projet collaboratif, et entièrement conçue en France !
Le chiffre 1,6 million
En 2018, selon GfK, 1,6 millions de calculatrices scientifiques et graphiques se sont écoulées en France, pour un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros.
Article initialement paru dans Le Papetier de France n°849, Octobre-Novembre 2021.